Extrait d'une interview récente de la Real IRA : les banques dans le collimateur

Publié le par FPL

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Attaque de l'IRA contre la City de Londres dans les années 90

 

Les banques et les banquiers sont désormais des cibles potentielles pour la Real IRA, c’est ce qu’a affirmé le groupe républicain dissident lors d’une interview exclusive au Guardian. Bien qu’ils ne possèdent qu’une centaine d’activistes, ils ont précisé que frapper des cibles en Angleterre était pour eux une haute priorité.

Tentant de s’appuyer sur l’hostilité intense à l’encontre des banques qui prévaut des deux côtés de la fronière irlandaise, ils ont qualifié les banquiers de « criminels », en expliquant : « il y a dans nos annales toute une liste d’attaques contre des cibles économiques de haut niveau et des institutions financières comme la City de Londres. Le rôle des banquiers et des institutions qu’ils servent dans le financement du système capitaliste et colonial ne peut pas passer inaperçu. »


« N’oublions pas que les banquiers sont les voisins de palier des politiciens. La plupart des gens en sont bien conscients : les banquiers graissent la patte des politiciens, les politiciens renflouent les caisses des banquiers avec des fonds publics, les banquiers s’octroient des primes et prêtent de l’argent au public avec intérêt. Il s’agit essentiellement d’une orgie criminelle qui profite à une élite sociale sur le dos de millions de victimes. »

Cependant, les forces de sécurité d’Irlande du Nord précisent que la Real IRA n’a pas les moyens logistiques qu’avait à l’époque l’IRA provisoire pour mener une campagnes d’attentats comparable à celle qui avait abouti au bombardement de la City de Londres au début des années 1990 ou à l’attentat de Canary Wharf en 1996. Bien que la Real IRA possède des explosifs, elle n’a pas encore mené d’attentats sur une grande échelle.

Le groupe terroriste a souligné dans une série de réponses écrites aux questions du Guardian que les futures attaques feraient alterner « des cibles militaires, politiques et économiques ». C’est la première fois que la Real IRA adopte une rhétorique ouvertement anti-capitaliste ou se focalise sur le rôle du système financier.


Les dirigeants ont aussi menacé d’intensifier leur campagne de terreur sur tous les fronts. « Il est réaliste de dire que nous nous sommes regroupés, réorganisés et que nous avons ré-émergé d’une période turbulente de l’histoire républicaine. Nous avons déjà démontré que nous étions capables de lancer des attaques contre des infrastructures britanniques militaires, judiciaires et policières. Alors que nous nous reconstruisons, nous sommes sûrs de pouvoir augmenter le volume et l’impact de nos attaques » a dit l’organisation.

Dans l’activité récente de la Real IRA, il faut noter la vague de soi-disantes « punitions » par balles ou par bastonnades, contre ceux qu’ils qualifient d’éléments anti-sociaux dans les zones ouvrières nationalistes. Rien qu’à Derry, la Real IRA et d’autres groupes affiliés ont puni par balles une douzaine d’hommes en 18 mois.

La direction de la Real IRA a assumé sa position face aux critiques qui qualifiaient ces actions de « justice brutale ». Le groupe pense que ces attaques sont populaires et leur apportent un soutien dans des zones où les communautés rejettent depuis longtemps la police.

« Ces actions interviennent en tant que dernier recours pour protéger la communauté. Nous faisons partie intégrante de la communauté et en son sein, les gens sont nos yeux et nos oreilles. Le fait est que les forces de police britanniques sont rejetées par les communautés républicaines, et les gens se tournent vers nous pour obtenir de l’aide.

La plus grande partie des problèmes se règle par la négociation, un petit pourcentage demande des formes plus directes d’intervention, y compris la punition par balles et l’expulsion. » ont-ils dit.


Sur le front politique, ils ont réfuté les prétentions de Sinn Féin à l’unification finale de l’Irlande au moyen de sa stratégie électorale, même si la majorité des nationalistes d’Irlande du Nord continue à voter Sinn Féin et qu’une majorité écrasante soutient le processus de paix.

La Real IRA insiste toutefois sur le fait que le soutien en leur faveur se construisait et qu’elle avait dû éconduire des centaines de jeunes nationalistes désœuvrés, n’ayant pas la capacité d’absorber tant de membres.

« Du point de vue des communautés républicaines, il y a encore une police britannique lourdement armée qui utilise des tonfas, du gaz CS et des Tasers, qui fait des blitz dans les maisons, des perquisitions et du harcèlement constant. Il y a encore une garnison britannique de 5.000 membres, un nouveau quartier-général du MI5 à Belfast et une secrétaire d’Etat britannique. Les communautés républicaines doivent subir les parades sectaires et lorsqu’on proteste, on nous répond par l’intimidation et la violence.


Au sujet des allégations récentes de pourparlers entre républicains dissidents et les gouvernements de Dublin et de Londres, la Real IRA a répondu : « Il n’y a pas de pourparlers que ce soit avec le gouvernement britannique ou avec celui de l’Etat Libre. Ce n’est pas que l’IRA ne veut pas parler, en fait il doit y avoir des pourparlers, mais ceux-ci doivent porter sur la cause fondamentale du conflit, c’est-à-dire l’occupation illégale de l’Irlande. Cependant, nous avons en tête que les annales de ces pourparlers montrent que la partie britannique s’est distinguée part sa faible intégrité, sa faible volonté de traiter les causes du conflit et n’a été motivée que par des préoccupations égoïstes.


Martin McGuinness, député Sinn Féin et premier ministre adjoint d’Irlande du Nord a subi lui aussi une forte critique. Cet ancien chef de l’IRA et négociateur Sinn Féin a dit récemment qu’il savait que les dissidents menaient des pourparlers secrets avec les deux gouvernements. La Real IRA lui répond en ces termes : « Martin McGuinness est un ministre de la couronne britannique et son intérêt est de semer la zizanie dans le camp républicain. Son travail consiste à administrer l’ordre de la Reine d’Angleterre en Irlande. Si malgré tout il possède des preuves de ce qu’il avance, qu’il en fasse part au public. »

 

Source : The Guardian du 14 septembre via Liberation Irlande


Publié dans Peuples en Lutte

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